Jean-Christophe Anna
High-Tech ? Game Over ! La technologie ne nous sauvera pas.
Dernière mise à jour : 30 juil. 2019

Message d'un ancien geek, qui a compris, aux geek·ette·s actuel·le·s pour qu'il·elle·s comprennent.
Les États-Unis ont le CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas en janvier, la France Viva Technology en mai !
Viva Technology, "VivaTech" pour les intimes ou plutôt les geeko-fans, c'est la grand messe annuelle de la technologie en Europe. Lancé en 2016 par Les Échos et Publicis, cet événement accueille pendant 3 jours...
Wait a minute ! Are you kidding me?
« VivaTech is the world’s rendezvous for startups and leaders to celebrate innovation. It’s a gathering of the world’s brightest minds, talents, and products taking place in Paris on 16–18 May 2019. »
Applause and... enjoy the fireworks!

Et oui, pour un tel événement au coeur de la "Startup Nation", il nous faut forcément switcher en Anglais. Ça sonne toujours plus fun, plus hype, plus in !
DÉMESURE
« Citius, Altius, Fortius » C'est le Baron Pierre de Coubertin qui a repris cette célèbre expression (« plus vite, plus haut, plus fort ») pour en faire la devise des Jeux olympiques modernes lors de la création du comité international olympique en 1894 à la Sorbonne. 122 ans plus tard, vous rajoutez l'adverbe "toujours" devant chaque défi, « toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort » et vous obtenez le délire absolu de VivaTech. Ou la quintessence de la démesure mégalomaniaque de l'homo economicus qui, shooté à la techno-adrénaline, se prend pour un Dieu !
Rien n'est trop beau pour célébrer l'innovation et le progrès technologique.
100 000 visiteurs sur 3 jours, 56 000 m2, 9 000 startups cocoonées par les multinationales les plus prestigieuses, 1 900 investisseurs, 1 900 journalistes (tiens... il y a exactement le même nombre de journalistes que d'investisseurs...), 125 pays représentés !
Emmanuel Macron pour l'ouverture (comme chaque année) et des "top speakers" des firmes de la Silicon Valley (IBM, Google, Booking...), de l'Europe (Ericsson, LVMH, Orange, L'Oréal, Vinci, Valeo, Accor, EY, Sodexo...) et de l'Asie, en force cette année avec Jack Ma himself (Alibaba), mais aussi les patrons de Huawei et Samsung !
Pour vous donner une image de ce à quoi ressemble VivaTech, prenez le Salon de l'Auto (ça tombe bien, c'est au même endroit, Porte de Versailles à Paris) et remplacez d'un côté les constructeurs par les plus grands groupes français et étrangers et de l'autre les voitures par des startups. Soit une formidable opportunité (ou entourloupe de la plus grande hypocrisie) pour les mastodontes du capitalisme de s'acheter une image innovante et un waouh effect impactant grâce aux startups hébergées sur leurs stands.
En qualité d'organisateur d'un grand événement annuel dédié à l'innovation en matière de recrutement depuis 9 ans (1 seule journée, 1 000 visiteurs, 4 000 m2, 20 startups, 10 à 20 journalistes max pour l'édition 2019, soit des stats 10 à 100 fois moins importantes), je suis assez bien placé pour vous dire à quel point VivaTech est une manifestation absolument pharaonique !!!
Normal, la technologie, c'est absolument génial.
C'est grâce à elle que nous avons atteint aujourd'hui un niveau de confort sans équivalent dans l'histoire de l'humanité.
C'est grâce à elle que nous pouvons communiquer en mode ATAWAD, AnyTime (à n'importe quel moment, de jour comme de nuit, en nous affranchissant des fuseaux horaires et en temps réel), AnyWhere (de n'importe quel lieu sur la planète, voire en orbite comme l'a fait Thomas Pesquet), AnyDevice (depuis n'importe quel terminal, ordi, tablette, smartphone, bracelet ou montre connectée, enceinte intelligente - vraiment intelligente ? - frigo, four, miroir...).
C'est grâce à elle que nous pouvons prévoir l'avenir, via l'exploitation du big data dans sa dimension prédictive (plus précisément imaginer ce qui pourrait se reproduire).
C'est grâce à elle que nous pouvons devenir millionaire en spéculant sur des monnaies virtuelles comme le Bitcoin dont la sécurisation repose sur la fameuse blockchain.
C'est grâce à elle que nous pouvons suivre à la trace online et offline n'importe quel·le client·e, pardon consommateu·trice, re-pardon... individu et l'évaluer, le noter... comme dans Black Mirror ou déjà en Chine.
C'est grâce à elle que nous allons pouvoir nous augmenter, nous hybrider aux machines, pour éviter qu'elles ne nous écrasent lorsqu'elles seront "habitées" d'une IA forte, c'est à dire susceptible de penser par elle-même (je vous rassure, cela n'arrivera pas !).
C'est grâce à elle que des robots et drones policiers patrouillent déjà dans les rues de Dubaï.
C'est grâce à elle que le supercalculateur cognitif Watson d'IBM est capable de prédire la survenance d'un cancer chez un patient avec une précision bien supérieure à celle des meilleurs oncologues.
C'est grâce à elle que l'IA s'est imposée aux meilleurs humains dans quasiment tous les jeux les 20 dernières années, des échecs au Go en passant par le Jeopardy ou le Poker.
C'est grâce à elle que deux IA du programme Google Brain, Alice et Bob, ont dialogué en 2017 dans un langage qu'elle ont elles-mêmes créé... indéchiffrable par les humains.
C'est grâce à elle que, lorsque nous aurons épuisé toutes les ressources de notre planète, nous coloniserons Mars comme l'ambitionne Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX, ou, mieux encore, partirons à la conquête de l'Univers comme en rêve Jeff Bezos, l'homme le plus riche du monde, patron d'Amazon et de Blue Origin.
Le fondateur de Blue Origin, Jeff Bezos, dévoile le projet d'alunisseur Blue Moon.
Mais attention, la démesure est souvent synonyme de folie pure. Et la mégalomanie d'hérésie !
MALAISE
Un profond malaise, une désagréable nausée, une violente sidération, telles sont les émotions que j'ai ressenties l'an dernier lors des quelques heures que j'ai passé sur l'édition 2018 de VivaTech.
Difficile pour moi d'imaginer aujourd'hui ce qui a bien pu me traverser l'esprit lorsque je me suis décidé à y aller l'an dernier pour y dénicher l'un ou l'autre sponsor potentiel et convaincre les startups spécialisées dans le recrutement de participer à notre challenge ou de prendre un stand sur notre événement. J'étais alors en plein bouillonnement cérébral sur le décalage de plus en plus criant entre ma prise de conscience quant à l'urgence écologique et sociale de notre époque, mon changement radical de vie depuis début 2017 (végétarisme d'abord puis véganisme, minimalisme...) et mon activité professionnelle principale du moment. Mais... aucun regret, bien au contraire, cette immersion dans ce show - complètement hors sol par rapport à la gravité de notre situation écologique et la tension de notre situation énergétique - a été une révélation. Ce jour-là, j'ai pris la décision de franchir une étape de plus, et pas des moindres, dans ma mutation personnelle : abandonner définitivement l'activité qui me fait vivre depuis la création de mon entreprise en 2011. Impossible en effet de continuer, alors même que je les principaux clients de mon entreprise sont à l'origine même des problèmes que je dénonce avec de plus en plus de vigueur depuis fin 2016.
Ce malaise que j'ai ressenti est tout à fait légitime. Nous vivons une bien drôle d'époque, paradoxale à plus d'un titre.
D'un côté, nous avons gravement abîmé, voire dézingué notre maison, la Terre.
Sans faire le tour global de la situation (il vous suffit pour ce faire de visiter la rubrique "Effondrement" de ce site web), voici 3 points éclairants :
Le réchauffement climatique actuellement engagé va aboutir, si nous restons sur le rythme actuel, à une augmentation de l'ordre de 5° C en moyenne sur le globe d'ici 2100 (nous en sommes déjà à + 1,1-1,2° C, l'objectif de 2° C maximum visé par l'Accord de Paris de la COP21 signé en 2015 est une blague !), ce qui équivaut à une augmentation de 10 à 12° C sur les continents, soit une température que l'humain n'a jamais connu, sans doute incompatible avec la vie... Savez-vous que lors de la dernière période de réchauffement que notre planète ait connu pour passer de l'ère glaciaire (il y a 20 000 ans) à notre climat tempéré actuel, la température a justement augmenté de 5° C, mais sur une période de... 5 000 ans, soit 0,1° C par siècle !!!

Rango - Paramount Pictures - 2011
La biodiversité végétale et animale qui nous entoure s'effondre littéralement depuis 50 ans au point que les scientifiques parlent de la 6ème extinction de masse. Le rythme de disparition des espèces animales (autres que l'espèce humaine) est actuellement 100 à 1 000 fois plus rapide que la normale. Selon l'édition 2018 du rapport "Planète vivante" du WWF, les populations de vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles - ont chuté de 60% au niveau mondial... en à peine 44 ans, entre 1970 et 2014. La dernière extinction de masse est celle qui a emporté les dinosaures il y a 65 millions d'années. Après un règne de plus de 200 millions d'années, ils ont disparu de la surface du globe, suite à plusieurs phénomènes et notamment l'impact d'un météorite avec la Terre. Cette disparition s'est étalée sur plusieurs millions d'années.
Last but not least pour tou·te·s nos ami·e·s geeks, les ressources de notre planète sont en train de s'épuiser à vitesse grand V, des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) aux métaux rares qui entrent dans la composition de tous nos joujous high-tech actuels et gadgets improbables que vous pouvez découvrir à VivaTech.
Ces données, totalement incontestables, font l'unanimité au sein de la communauté scientifique. Les preuves de la responsabilité humaine sont aujourd'hui accablantes. Et pourtant, à l'ère de la bien nommée anthropocène, il est encore possible de tomber sur des indécrottables climatosceptiques qui vont vous assurer que la Terre a connu plusieurs périodes de réchauffement et plusieurs extinctions de masse. Un peu plus difficile pour eux.elles d'évoquer l'épineuse question de l'épuisement des ressources ou celle de la pollution globale (air, terre, eau, espace).
De l'autre côté, "en même temps" comme dirait notre cher Président de la "Startup Nation", l'écosystème de la high-tech célèbre à Viva Technology l'innovation et imagine un futur à la recette "explosive" : un concentré d'IA, une touche de data science, un zest de blockchain, une pincée de 5G, un soupçon de deep learning, une pointe d'informatique quantique et une bonne dose d'algorithmes et d'objets connectés tous plus inutiles les uns que les autres !
Or, c'est bien à cause de notre ambition de toute puissance économico-technologique et de notre quête d'un confort totalement artificiel que nous avons épuisé aussi vite les ressources non renouvelables de notre planète, tout en émettant toujours plus de GES (Gaz à Effet de Serre) avec pour conséquence direct, le réchauffement climatique.
Viva Technology est donc le parfait étendard du paradoxe ultime. Celui d'une humanité au bord de l'effondrement qui fantasme sur l'accélération vertigineuse du "système des 3 C" (Croissance infinie, Compétition toxique, hyper Consommation destructrice) justement à l'origine de sa perte... et de sa future extinction.
Car, comme le disait Albert Einstein :
« Vous ne pouvez résoudre un problème avec le même type de pensée qui a créé le problème. »

Ma citation préférée est celle aussi brillante que clairvoyante de l'économiste Kenneth Boulding :
« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini
est soit un fou, soit un économiste. »
Je vous laisse deviner à quelle catégorie appartiennent les membres de l'écosystème qui se réunit chaque année à VivaTech ! ;)
Essence même du capitalisme, la croissance infinie est une arme de destruction massive de la vie sur Terre.
Cette destruction qui fut boostée par la Révolution industrielle, s'est formidablement accélérée pendant les Trente glorieuses qui furent synonymes de plein emploi, d'augmentation du confort et de réduction des inégalités. Mais, comme ne l'ont toujours pas compris ni les économistes, ni nos dirigeants politiques, cette période précédant le premier choc pétrolier fut une exception et non la règle. Aujourd'hui, comme je l'explique dans la sous-rubrique "La religion de la croissance infinie" de ce site, dans notre société néolibérale la croissance n'est plus synonyme de création d'emplois et elle s'accompagne d'une aggravation des inégalités.
La période des Trente glorieuses s'est également illustrée par l'explosion de la consommation de biens et de services, boostée par l’or noir qui coulait à flots. Nous avons alors commencé à épuiser la Terre en la considérant comme un gisement de ressources...
« À la terre comme lieu de vie succède la terre comme gisement de ressources minérales, végétales et animales, à piller sans modération, tandis que le contexte naturel, à savoir l’écosystème planétaire tout entier, nous inviterait plutôt à une régulation de nos besoins, à une économie véritable mise au service de l’humain, dans le respect du vivant. »
Pierre Rabhi, "Vers la sobriété heureuse" (Acte Sud, 2010).
GAME OVER !
La partie est bel et bien terminée.
Voici comment nous pourrions présenter en mode Star Wars, cette "dissonance cognitive" pour ne pas dire "hallucination collective" que représentera Viva Technology aux yeux des humains qui peupleront la Terre dans l'ère post effondrement des prochaines décennies... avant la disparition quasi inéluctable de notre espèce d'ici la fin du siècle :
Once upon a time,
in a far, far away galaxy...
a fuck_ _ _ big event called VivaTech,
took place in Paris, Startup Nation's capital of the Earth world.
In 2019, a lot of "geeks", humans who dreamt to be gods, loved to imagine,
quite 50 years after the famous report "Limits to Growth" and a few years before collapse,
a high-tech future with AI, Robotics, Transhumanism, Blockchain, IoT, quantum computing, spatial conquest,... ...and other funny deliriums... To infinity and beyond !
L'effondrement de notre civilisation thermo-industrielle a déjà commencé.

Dans leur livre "Comment tout peut s’effondrer", Pablo Servigne et Raphaël Stevens utilisent, pour décrire notre civilisation thermo-industrielle, une métaphore aussi lumineuse que puissante : celle d’une voiture en pleine accélération (croissance exponentielle généralisée : démographie, production de biens et de services, consommation de viande et d'eau, pollution,...), avec un réservoir presque à sec (les énergies fossiles), sortie de la route (les frontières infranchissables : climat, biodiversité, réserves en eau…), dont la direction est bloquée (l’inertie de nos élites) et à l’habitacle aussi confortable qu'extrêmement fragile (l’interdépendance des réseaux d'approvisionnement et de communication à l’échelle de la planète).
Une croissance infinie est parfaitement insoutenable dans un monde aux ressources finies.
C'est une règle élémentaire de la physique qui a été totalement ignorée par les économistes, comme l'explique parfaitement l'ingénieur spécialiste de l'énergie Jean-Marc Jancovici.
N’en déplaise à nos élites, politiques, journalistes, économistes et à... tou·te·s les geek·ette·s, multinationales et startups qui font le succès de Viva Technology. Les ressources non renouvelables représentent les limites de notre civilisation, au premier rang desquelles se trouve son carburant, le pétrole. Le moment où il n’y en aura plus va arriver bien plus vite que vous ne l’imaginez, d’ici 10 à 20 ans grand max. Car, si les entrailles de notre planète contiennent encore un peu moins de la moitié du stock d’origine, le jour où l’énergie investie (du pétrole) sera plus importante que l’énergie extraite/récoltée (du pétrole), l’extraction s’arrêtera tout naturellement…
Ainsi, le TRE (Taux de Retour Énergétique) était de 1000 pour 1 dans les années 70 aux US (pour 1 baril investi, 1 000 barils étaient extraits). Au niveau mondial, le TRE moyen actuel est de l'ordre de 15 pour 1. Notre train de vie actuel, pour être conservé, requiert un TRE de 12 pour 1...
Bon heureusement, me direz-vous, il y a les énergies « vertes » ou « propres ». Hélas, si le soleil et le vent sont bien « renouvelables », il n’en est rien des métaux rares qui entrent dans la composition des panneaux photovoltaïques, des éoliennes ou des batteries des voitures électriques, mais aussi de tous nos joujous électroniques. Leur extraction est catastrophique pour l’environnement… Demandez aux Chinois qui habitent la ville de Baotou en Mongolie intérieure. Et pour ne rien arranger, leur recyclage est quasi inexistant (moins de 1%), si bien que nos appareils électroniques, rattrapés par leur obsolescence programmée et/ou notre consommation frénétique, finissent dans des décharges à ciel ouvert au Ghana. Aucune énergie n’est propre. Sans oublier que pour l’extraction, le raffinement et l’acheminement de ces métaux rares, ici encore il faut de l’énergie et donc… du pétrole.
« Le déclin du pétrole entraînera donc le déclin de toutes les autres énergies.
...
Les énergies renouvelables n'ont pas assez de puissance pour compenser le déclin des énergies fossiles, et il n'y a pas assez d'énergies fossiles (et de minerais) pour développer massivement les énergies renouvelables de façon à compenser le déclin annoncé des énergies fossiles. »
Pablo Servigne et Raphaël Stevens, "Comment tout peut s'effondrer" (Seuil, 2015).
Notre dépendance à l’or noir est absolue !
Comment ferons-nous le jour où il n’y en aura plus ? Comment ferons-nous pour approvisionner les supermarchés où nous faisons nos courses alimentaires ? Comment ferons-nous pour nous déplacer ? Pour aller travailler ? Comment ferons-nous pour fournir les hôpitaux ? Pour acheminer les malades et les femmes sur le point d'accoucher vers ces mêmes hôpitaux ? Comment ferons-nous pour construire les immeubles qui nous entourent ? Comment ferons-nous pour chauffer nos logements dépendant du fioul ? Bref, vous avez compris... toute activité économique sera devenue impossible et nous fonctionnerons en mode survie !
Et lorsque les métaux rares seront épuisés à leur tour ou qu'en l'absence de pétrole, leur extraction ne sera plus possible, nous devrons nous passer du photovoltaïque, de l’éolien, des voitures électriques et de nos jolis joujoux : adieu smartphones, tablettes, ordinateurs, bracelets connectés et autres enceintes intelligentes… KO Google !
Voici la raison pour laquelle la révolution numérique (ou digitale) et notamment celle du web restera comme une révolution inachevée, avortée... Certains chercheurs envisagent même sérieusement la fin du web dès 2023 et ce pour différentes raisons (saturation des "tuyaux" par rapport à l'explosion de la data et notamment des vidéos et du streaming, manque d'énergie pour faire fonctionner le tout, pénurie de métaux rares...) !
Adieu Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, IBM, Netflix, AirBnB, Tesla, Uber, Twitter, Instagram, YouTube, Booking et tous les autres.
Adieu nos applis mobiles !
Adieu la déjà morte 5G !
NON, la technologie ne nous sauvera pas... L'avenir sera Low-Tech et non High-Tech !
Vous l'avez désormais compris, ni le transhumanisme, ni l'IA, ni la colonisation de Mars ou la conquête de l’Univers ne nous sauveront. Pour la simple et bonne raison que nous n'aurons tout bonnement pas l'énergie suffisante pour alimenter ces inepties, à l'exception peut-être de quelques dizaines de multi-milliardaires, et encore...
Et c'est plutôt heureux que ces délires soient hors de portée. Il ne manquerait plus que nous allions polluer d’autres planètes après avoir rendu la Terre, notre seule maison, inhabitable… Après tout, Yuval Noah Harari et Paul Jorion reconnaissent tous les deux à l’espèce humaine sa dimension colonisatrice et auto-destructrice.
Il n’est plus seulement urgent, mais tout simplement vital d’inventer une autre société, d’impulser une autre dynamique qui prônerait des valeurs en tout point opposées à celles du capitalisme ultra libéral. Il est temps de changer non pas le système, mais de système en remplaçant notre "système des 3 C" (Croissance infinie, Compétition toxique, hyper Consommation destructrice) par la "dynamique DEF" : Décroissance, Entraide, Frugalité.
Non, la décroissance choisie (impossible de faire autrement) n'a rien à voir avec la récession subie. La seconde est la plaie d'une économie fondée sur la croissance illimitée. La première est le seul comportement responsable que nous pouvons adopter aujourd'hui.
Et comme le dit si bien Jean-Marc Jancovici, spécialiste de l'énergie et du climat, dans l'interview qu'il a accordé dans le cadre du récent Hors Série de Socialter "L'Avenir sera Low-Tech" :
« Nous sommes en décroissance énergétique. »
L'entraide ? C'est "l'autre loi de la jungle" comme le présente le livre de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle ("L'entraide, l'autre loi de la jungle" - LES LIENS QUI LIBÈRENT, 2017).
« Un examen attentif de l’éventail du vivant révèle que, de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus. »
Quant à la frugalité (ou sobriété), il s'agit d'une véritable philosophie : faire mieux avec moins !
Deux concepts, approches et comportements y sont directement "connecté·e·s", le minimalisme et la low-tech.


Le minimalisme, véritable antithèse du matérialisme, consiste à se séparer du superflu pour ne vivre qu'avec l'essentiel. Bien plus qu'une technologie de bas niveau en comparaison avec la High-Tech. Utile, durable et accessible, la low-tech est avant tout un état d'esprit qui, selon le Low-tech Lab, questionne nos vrais besoins, propose de « changer notre relation à la technologie : globalement d'en refaire un moyen plutôt qu'une fin en soi » et remet en question notre modèle de société.
Dans sa tribune au sein du même Hors Série, Philippe Bihouix, spécialiste de l'épuisement des ressources minérales et auteur du livre "L'âge des low tech, Vers une civilisation techniquement soutenable" (Seuil, 2014), invite la France à devenir la première low-tech nation !
Allo, Manu ?
Pour en revenir à Star Wars, dans l'avenir, la Force sera bien plus du côté de la Rébellion low-tech que de l'Empire high-tech ! ;)
Quand mégalomanie rime avec hypocrisie !
Si nous n'avons pas de planète B, les fous mégalo de la Silicon Valley ont eux un plan B. Et oui, savez-vous qu'ils (je ne féminise pas volontairement...) font l'acquisition de terres vierges en Nouvelle-Zélande ou sur des iles désertes pour y construire des abris ou bunkers. Et, de leur côté, les traders de la City à Londres lorgnent du côté de la Suède et de la Norvège... S'ils sont bien loin d'avoir l'intention de modifier leurs activités ou celles de leurs entreprises, ils prennent tout de même leurs précautions au cas où... Les premiers ne savent peut-être pas encore que les écosystèmes de la Nouvelle-Zélande sont gravement altérés comme l'a démontré une récente étude. Quant aux seconds, ils ont manifestement oublié que la Suède a connu ses pires incendies de forêt et une sécheresse historique à l'été 2018. Et oui, personne, même pas les ultra-riches, n'échappera à l'effondrement de notre société. Leur richesse ne leur sera d'ailleurs plus d'aucune utilité.
Et dire que nous aurions les moyens d'amortir le choc...
Oui, car si éviter l'effondrement (dans sa phase terminale) n'est plus possible, en réduire l'impact l'est encore.
Comme le dit si bien la punchline, "VivaTech is the world’s rendezvous for startups and leaders to celebrate innovation. It’s a gathering of the world’s brightest minds, talents, and products taking place in Paris on 16–18 May 2019."
Quel dommage que d'aussi nombreux cerveaux, parmi les plus brillants, qu'une énergie si précieuse (en compétences, expertise et temps) et que tant d'argent soient consacré·e·s à des projets aussi anecdotiques, futiles ou inutiles que ceux présentés en grande pompe à VivaTech. Ils se trouveront tous coupés dans leur élan par l'épuisement des ressources énergétiques, tout comme notre pauvre ami Elon Musk qui ne pourra plus envoyer de voiture dans l'Espace, comme il le fit modestement en février 2018...

Sans parler de l'argent dilapidé à des fins destructrices comme le sauvetage des banques privées suite à la crise des Subprimes de 2008 qui finiront par s'effondrer avec le nouveau Krach boursier imminent que tous les experts redoutent et qui promet d'être 10 fois pire que la crise de 2008...
Toute cette intelligence collective, cette formidable énergie humaine, pourrait être bien mieux utilisée pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique ou permettre le nettoyage, la préservation et la revitalisation de notre planète.
Depuis maintenant un an, c'est la mission que je me suis fixée personnellement : consacrer toute mon énergie, ma créativité, mon enthousiasme et mon audace à la préservation de la vie sur Terre et au changement de notre monde.
Comme le dit cette citation célèbre à la paternité inconnue (Pierre Larrouturou, qui l'utilise souvent dans le cadre de sa croisade pour l'adoption de son Pacte Finance-Climat, a reconnu qu'elle n'était pas de lui) :
« Si le climat était une banque, on l'aurait déjà sauvé ! »
(paternité inconnue)
J'ajouterai :
« Si la Terre était vue comme la plus belle des cathédrales, la seule et unique qui mérite réellement toute notre attention, nous aurions déjà éteint l'incendie ! ».
Car, ne l'oublions pas, la Terre s'en remettra, mais une bonne partie de ce que nous aurons détruit (et notamment les espèces animales et végétales déjà disparues et celles qui vont - ou risquent de - l'être, la nôtre notamment) le sera à jamais...
Crédit Photo (image principale illustrant cet article) :
Explosion de la fusée Antares (octobre 2014)
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