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À quelle famille appartenez-vous ?

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À quelle famille

appartenez-vous ?

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Comment accueillez-vous la perspective de l'effondrement ?

1. Pourvu que ça pète, vite ! 

2. Comme de toute façon, tout va s'effondrer, donc autant en profiter, non ? 

ou

3. Il faut agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard. Si on s'y met toutes et tous, il est encore possible d'inverser la tendance !

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5 réaction

Les 5 types de réactions observées par Pablo Servigne et Raphaël Stevens

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Lors de leurs interventions publiques et conversations privées, Raphaël Stevens et Pablo Servigne ont observé 5 types de réactions chez les personnes convaincues de l'imminence d'un effondrement : çavapétistes, aquoibonistes, survivalistes, transitionneurs, collapsologues.

 

Comme le disent les deux auteurs dans leur livre "Comment tout peut s'effondrer" : 

 

« Nous les avons classées, et vous présentons une liste non-exhaustive qui, une fois n'est pas coutume, ne sera pas basée sur des références bibliographiques,

mais sur une expérience totalement subjective. Puissent les futures recherches en collapsologie permettre d'apporter un peu de rigueur à cette typologie. »

Les présentations ci-dessous sont intégralement tirées du livre "Comment tout peut s'effondrer".

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Les çavapétistes

Les aquoibonistes

Les survivalistes

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« Les réactions çavapétistes ("ça va péter") sont fréquentes chez les personnes qui se sentent impuissantes face à la destruction de notre monde, et qui, à cause de cela ou pour une autre raison, ont développé un certain ressentiment, voire une colère, envers la société.  "Un effondrement ? Bien fait ! Cette société est tellement pourrie... Moi je dis : vivement l'effondrement !" Mais, outre le fait que cette attitude dévoile un imaginaire de la catastrophe très sombre, nihiliste même, elle ne permet pas de savoir précisément si la personne imagine aussi sa propre mort, ou si elle se voit parmi les survivants contemplant le déclin de la cité du haut de la colline qui la surplombe et savourant une vengeance bien méritée. Inutile de préciser que cette attitude est relativement toxique pour l'organisation politique et sociale en temps de catastrophe... »

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« Les réactions aquoibonistes ("à quoi bon ?") sont extrêmement fréquentes. Car puisque c'est la fin de tout, alors pourquoi continuer à se tuer à la tâche ! "Foutu pou foutu, profitons de ce qui nous reste !" Mais attention, dans ce genre de réaction, on peut distinguer deux tendances, qui jouent sur l'ambiguïté du mot "profiter". 

Il y a le sympathique - mais égoïste - épicurien tendance Rabelais qui finirait bien le reste de sa vie au bistrot, en riant et en savourant les derniers plaisirs de la vie ; et il y a "l'enfoiré", celui qui profiter se conjugue au détriment des autres. On brûle un maximum d'essence, on consomme, on saccage une dernière fois avant de partir. »

« Les réactions survivalistes ou preppers ("chaucun sa merde") sont de plus en plus nombreux dans le monde. Personne n'a échappé à un reportage ou un documentaire sur ces individus qui se barricadent, s'enferment, s'enterrent dans des bunkers et stockent des quantités impressionnantes d'armes et de produits de première nécessité. Quand ils n'apprennent pas le tir à l'arc à leurs enfants, ils s'entraînent à reconnaître les plantes sauvages comestibles ou à s'informer sur les techniques de purification de l'eau. Ils se préparent à la violence, en croyant que les autres (les voisins ? les envahisseurs ?) réagiront comme eux le feraient, probablement violemment.

L'imaginaire qui sous-tend cette posture est nourri par les films comme Mad Max ou les films de zombies, et une croyance que l'être humain est profondément mauvais. "Tout seul, on va plus vite" pourrait être leur devise. »

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Les transitionneurs

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Les collapsologues

Il est possible d'appartenir à plusieurs catégories à la fois !

« Les transitionneurs ("on est tous dans le même bateau") sont quant à eux bien souvent non-violents (probablement qu'ils se croient incapables de l'être) et ont un esprit collectiviste. Ils appellent à une "transition" à grande échelle, car pour eux la vie n'a plus de sens si le reste du monde s'effondre. Alors, plutôt qu'un repli sur soi, ils pratiquent l'ouverture et l'inclusion, convaincus que l'avenir se trouve plus dans les écovillages, et les réseaux d'entraide entre initiatives de transition. "Ensemble, on va plus loin" pourrait être leur devise. »

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« Les collapsologues se découvrent une passion pour ce sujet dont personne ne parle et qui donne un sens à leur vie. Étudier, partager, écrire, communiquer, comprendre, devient progressivement une activité chronophage, que l'on peut exprimer à la fréquence et la longueur des livres publiés, ou des articles et commentaires postés sur les blogs et les sites consacrés à la question. Curieusement, ces "geeks du collapse", dont les plus célèbres sont surnommés les "collapsniks" dans les milieux anglophones, sont souvent des ingénieurs... et des hommes. C'est d'ailleurs, à en croire un vétéran, un facteur fréquent de rupture chez les couples, puisque lorsque la femme ne voit dans l'effondrement qu'un sujet de conversation parmi d'autres (et qu'elle demande à son mari de ne pas aborder ce sujet en famille ou devant ses copines), le mari, lui, commence à préparer le bunker ou à participer à des réunions interminables de transition...»

« Dans le monde réel, qui est toujours bien plus complexe, certaines personnes peuvent sentir une appartenance à plusieurs catégories. Par exemple, en tant que collapsologue, il est difficile de ne pas s'engager dans des actions d'anticipation, voire, comme quelques-uns, souhaiter qu'un effondrement arrive rapidement pour éviter des trop grandes conséquences climatiques, se former à la récolte de plantes sauvages comestibles, tout en ayant la conviction que la coopération est la seule porte de sortie possible... »

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Alarmiste ou Catastrophiste

De son côté, Yves Cochet distingue les alarmistes et les catastrophistes.

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"Ne vous alarmez pas : c'est la catastrophe !"

 

Dans sa tribune publiée par Socialter dans son numéro Hors-Série consacré à l'effondrement "Et si tout s'effondrait ?" (décembre 2018 - janvier 2019), Yves Cochet estime que la posture "alarmiste" (on peut encore corriger la trajectoire de notre civilisation industrielle) a 40 ans de retard. 

 

Selon lui, seuls le catastrophisme et la recherche du moindre mal ont encore du sens.

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Les alarmistes

Les catastrophistes

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Les "alarmistes" (les écologistes, l'ONU, les scientifiques, les associations) : celles et ceux qui lancent des appels ou des cris d'alarme, en dressant un constat dramatique de la situation et en listant des propositions.  Ils·elles pensent depuis 40 ans qu'il y a encore une chance d'éviter l'effondrement en prenant les bonnes décisions, en mettant en place les bonnes réformes.

Leur moteur : l'espoir !

Yves Cochet fait le constat aussi accablant que lucide de l'inefficacité des études, pétition, tribunes, cris d'alarme, appels, manifestations pour "sauver la Terre" ou des différents scénarios de transition "écolo-agro-énergétique" des associations.

Selon lui, « La structure commune à tous ces événements, pourtant d'origines très diverses, est constituée d'un constat alarmiste de l'état du monde, suivi de propositions d'action plus ou moins précises et radicales adressées aux pouvoirs publics. Rien que de tout à fait normal et sain dans nos démocraties, pourrait-on dire. À titre anecdotique, j'ai retrouvé lors d'un déménagement récent, une pétition de même tonalité que nous avions envoyée en 1982 à Michel Crépeau - alors ministre de l'Environnement - avant les "États généraux de l'environnement" organisés par le ministère cette année-là, comme le fut le "Grenelle de l'environnement" en 2007, vingt-cinq ans après. Par la même occasion, j'ai aussi récupéré les comptes rendus de ces États généraux de 1982, et ceux du Grenelle de 2007. Le lyrisme saisissant des pétitions et celui des comptes rendus officiels, en 1982, 2007 et 2018, sont de la même urgence diagnostique et de la même hauteur d'ambition politique, et... rien (ou presque). En résumé, depuis près de quarante ans, l'écologie et les écologistes ont tout perdu (ou presque) devant le triomphalisme croissant du libéral-productivisme, de ses serviteurs et de leur indifférence (ou presque) au Système-Terre. Et, pourtant, les pétitionnaires alarmistes continuent d'en appeler à ces serviteurs politiques pour bouleverser un ordre socio-économique qui est la cause principale du cataclysme planétaire naissant. Ordre auquel ces derniers croient sincèrement : plus de technologie, plus de croissance et plus de marché réduiront bientôt les problèmes écologiques et les inégalités sociales.

Cette première illusion est suivie d'une seconde par nos amis alarmistes : ils pensent aujourd'hui encore que l'effondrement systémique planétaire n'aura pas lieu - appelons "effondrement" de la société mondialisée contemporaine le processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi. Nous (ma ville, ma région, mon pays, l'Europe, le globe) saurons éviter la catastrophe par des réformes volontaristes, des accords graduels mais décidés, des initiatives incrémentales tant publiques que privées. Tel est le credo maintes fois réaffirmé depuis plus de quarante ans, malgré une réalité géobiophysique qui ne cesse de se dégrader. Comment expliquer ce qui s'apparente à une dissonance cognitive, à un déni de réalité sans cesse renouvelé, de la part des alarmistes ? »

Les "catastrophistes" (ou collapsologues si ambition d'analyse scientifique) : Celles et ceux qui pensent que l'effondrement est inéluctable et irréversible, que la catastrophe va avoir lieu. Pour eux·elles, il convient de nous y préparer et de vivre avec l'idée de l'effondrement.

Leur moteur : le courage !

Yves Cochet : « Ceux-ci estiment que l'effondrement mondial est désormais inévitable et que l'on peut simplement en réduire les effets funestes. On peut "minimiser le nombre de morts", qui se chiffreraient en centaines de millions en quelques années, par les voies traditionnelles dans l'histoire que sont les famines, les épidémies et les guerres. Attention ! Les catastrophistes - dont je suis - ne peuvent pas prétendre à une certitude absolue de l'"advenue" de l'effondrement. Ils estiment simplement que, à l'heure actuelle, c'est le scénario le plus probable. En effet, en toute rationnalité, il n'y a pas de preuve intégrale par accumulation : ce n'est pas parce que des milliers de personnes prétendent avoir vu des soucoupes volantes que celles-ci existent vraiment. Ce n'est donc pas parce que de plus en plus de personnes croient à l'effondrement que celui-ci est certain. Il n'y a pas non plus de preuve intégrale par intimidation : ce n'est pas parce que de plus en plus d'honorables scientifiques écrivent des articles sur la plausabilitéd'un "planetarty threshold" (seuil planétaire) imminent du Système-Terre que ce changement de phase inconnu arrivera demain avec certitude. Cependant, par addition de signes avant-coureurs ou par autorité scientifique croissante, la probabilité d'un effondrement systémique global semble augmenter, objectivement - comme disaient les communistes il y a cinquante ans. Pour ma part, c'est aussi parce que, subjectivement, cette probabilité apparaît encore plus élevée - subjectivement, c'est à dire selon l'angle de la psychologie évolutionniste et de la psychologie sociale. »

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Optimiste ou Pessimiste

Une 3ème distinction proposée par Pablo Servigne : Optimiste/Pessimiste +/-

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Optimiste ou Pessimiste ?

Le verre à moitié vide ou à moitié plein ?

À cette question, Pablo Servigne répond dans l'entretien qu'il a accordé à Socialter dans le même numéro Hors Série : « On s'en moque et que la collapsologie, c'est voir le verre plein, à moitié d'eau et à moitié d'air, mais voir aussi que ce verre est fissuré. »

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Les optimistes + et -

Les pessimistes + et -

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« Je distingue l'optimiste "plus" de l'optimiste "moins" : le premier est conscient de la réalité mais veut tenter de trouver des solutions et c'est super ; le second ne veut pas voir les mauvaises nouvelles et va se prendre le mur dans la figure. »

« Le pessimiste "plus", de son côté, a bien conscience des mauvaises nouvelles et se prépare, tandis que le pessimiste "moins", c'est un boulet, car il est très toxique. C'est le "tout est foutu" et, d'un point de vue éthique, c'est inacceptable. »

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Les 5 étapes de Chefurka

Les 5 étapes de Paul Chefurka

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Dans leur livre "Une autre fin du monde est possible - Vivre l'effondrement (et pas seulement y survivre)"Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle introduisent le concept de "collapsosophie" en présentant l'échelle de prise de conscience imaginée par le Canadien Paul Chefurka.

 

« Lorsqu'il s'agit de notre compréhension de la crise mondiale actuelle, dit-il, chacun de nous semble s'insérer quelque part dans un continuum de prise de conscience qui peut être grossièrement divisé en cinq étapes. »

La présentation de ces 5 étapes est directement tirée du livre "Une autre fin du monde est possible".

Entre guillemets « » : le texte issu du livre.

Entre guillemets " " et en italique : les citations de Paul Chefurka lui-même cité par les auteurs.

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« À l'étape 1, la personne ne semble pas voir de problème fondamental.

Et si problème il y a, c'est qu'il n'y a pas assez de ce qu'il y a déjà : croissance, emplois, salaires, développement, etc.

 

À l'étape 2, on prend conscience d'un problème fondamental (au choix parmi des thèmes comme le climat, la surpopulation, le pic pétrolier, la pollution, la biodiversité, le capitalisme, le nucléaire, les inégalités, la géopolitique, les migrations, etc.).

Ce "problème" accapare toute l'attention de la personne, qui croit sincèrement qu'en le "résolvant" tout redeviendra comme avant.

 

À l'étape 3, il y a une prise de conscience de plusieurs problèmes majeurs.

Les personnes arrivées à ce stade passent leur temps à hiérarchiser les luttes, et à convaincre les autres de certaines priorités.

 

À l'étape 4 arrive ce qui devait arriver, la personne prend conscience de l'interdépendance de tous les "problèmes" du monde.

Tout devient abominablement systémique, c'est-à-dire insoluble par quelques individus ou "solutions" miraculeuses, et inaccessible à la politique telle qu'elle est conçue actuellement. "les gens qui arrivent à ce stade ont tendance à se retirer dans des cercles restreints de personnes aux vues similaires pour échanger des idées et approfondir leur compréhension de ce qui se passe. Ces cercles sont nécessairement petits, à la fois parce que le dialogue personnel est essentiel à cette profondeur d'exploration, et parce qu'il n'y a tout simplement pas beaucoup de gens qui sont arrivés à ce niveau de compréhension."

 

Enfin, à l'étape 5, on change irrémédiablement de point de vue. Il ne s'agit plus d'un "problème" qui appelle des "solutions" mais d'un predicament (une situation inextricable qui ne sera jamais résolue, comme peut l'être la mort ou une maladie incurable), qui invite plutôt à emprunter des chemins de traverse pour apprendre à vivre avec, du mieux possible. On réalise alors que la situation englobe tous les aspects de la vie, et qu'elle nous transformera profondément. Un sentiment d'être complètement dépassé peut apparaître : à la vue d'un entourage désintéressé, d'un système-Monde bien trop inerte et d'un système-Terre en intense souffrance. Tout ou presque et à remettre en question, ce qui est non seulement épuisant, mais peut couper d'un entourage affectif stable et rassurant. "Pour ceux et celles qui parviennent au stade 5, il y a un risque réel que la dépressions'installe."

Il y a alors deux manières (non-exclusives) de réagir à cette situation désagréable, commente Chefurka. On peut s'engager dans une voie "extérieure" : la politique, les villes en transition, la mise en place de communautés résilientes, etc. ; ou dans une voie "intérieure", plus spirituelle. Cette dernière n'est pas forcément synonyme d'adhésion à une religion, au contraire.

 

"La plupart des gens que j'ai rencontrés et qui ont choisi une voie intérieure confèrent aussi peu d'utilité à la religion traditionnelle que leurs homologues sur la voie extérieure n'en confèrent à la politique traditionnelle." »

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